Le clan Papineau-Dessaulles et les rébellions de 1837-1838
Le rayonnement de Saint-Hyacinthe dans la première moitié du 19e siècle n’est pas seulement dû à l’établissement du Séminaire et à la renommée des professeurs qui y enseignent, mais également aux liens étroits qu’entretient le village avec le puissant réseau familial des Papineau-Dessaulles.
Jean Dessaulles, héritier de la seigneurie de son cousin Hyacinthe-Marie Simon dit Delorme, épouse en effet, en 1816, Rosalie Papineau, fille du notaire Joseph Papineau et sœur du fameux tribun Louis-Joseph. Outre ce couple et leurs trois enfants, Louis-Antoine, Rosalie-Eugénie et Georges-Casimir, le clan peut également compter à Saint-Hyacinthe sur la présence du frère et du neveu de Louis-Joseph et de Rosalie. Les trois fils de Louis-Joseph étudieront au Séminaire de Saint-Hyacinthe.
Cet influent réseau familial établit de facto Saint-Hyacinthe comme l’un des principaux centres du nationalisme canadien qui se développe au début du 19e siècle. Les idées libérales, qui prônent la liberté d’opinion et l’obtention d’un gouvernement élu et responsable, y sont fort bien reçues. Il n’est donc pas étonnant que, dans les années 1830, la population maskoutaine se montre largement favorable au mouvement des Patriotes dirigé par Louis-Joseph Papineau. Elle le témoigne notamment par d’importantes assemblées publiques et par des charivaris menés contre les opposants au parti de Papineau.
En 1836, le notaire Philippe-Napoléon Pacaud, son frère Charles-Adrien et le médecin Pierre-Claude Boucher de La Bruère, fondent même à Saint-Hyacinthe l’une des toutes premières banques canadiennes-françaises, l’éphémère Banque canadienne, avec pour objectif d’émettre des billets de banque – comme c’était alors le privilège des institutions bancaires – pour financer la lutte patriote.
Lorsque la rébellion éclate en 1837, des batailles importantes se déroulent à Saint-Denis et Saint-Charles-sur-Richelieu, à quelques kilomètres à peine de Saint-Hyacinthe. Si certains Maskoutains y participent, les violences ne se rendent toutefois pas jusqu’aux rives de la Yamaska. Le village abrite cependant plusieurs Patriotes qui fuient la répression durant les mois qui suivent. Certains vont même se dissimuler au Séminaire, déguisés en ecclésiastiques.
Les rébellions de 1837 et 1838 n’auront pas de suite immédiate et provoqueront même l’union des colonies du Haut et du Bas-Canada en 1840. Mais elles sèment dans la région maskoutaine les germes d’une tradition intellectuelle et politique libérale qui rayonnera pendant plus d’une centaine d’années, avec des représentants aussi illustres que l’anticlérical Louis-Antoine Dessaulles, le premier ministre Honoré Mercier et le maire Télesphore-Damien Bouchard.
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