La chute et le marasme économique
À l’aube des années 1950, le domaine du textile semble toujours aussi florissant. Le Québec fournit à lui seul plus de la moitié de la production canadienne. À Saint-Hyacinthe, en 1951, 57 % des hommes et 87 % des femmes travaillant dans le milieu industriel sont employés dans une manufacture liée à ce secteur. La ville accueille même, depuis 1945, l’École supérieure des textiles, premier établissement du genre au Canada.
Ces quelques faits permettent de comprendre pourquoi les mutations qui sont sur le point de bouleverser le milieu manufacturier auront un impact aussi considérable sur Saint-Hyacinthe, allant jusqu’à plonger la municipalité dans un véritable marasme économique. En effet, l’âge d’or du textile prend fin brutalement avec la déréglementation du commerce qui permet l’arrivée massive de produits étrangers, fabriqués à moindres coûts. Incapables de faire concurrence à ces nouveaux rivaux, les manufactures maskoutaines commencent par fonctionner avec un personnel réduit et par écourter la semaine de travail, avant de procéder à de multiples mises à pied.
Finalement, les usines doivent se résoudre à fermer leurs portes les unes après les autres. Dans un tel contexte, il n’est pas surprenant que les conflits de travail se multiplient, contribuant à accélérer la chute d’un secteur qui a pourtant constitué le moteur économique de la ville durant près de 80 ans. À la fin des années 1960, le taux de chômage municipal atteindra 20 %.
En 1966, le président de la Chambre de commerce et futur maire, Grégoire Girard, dénonce la situation de Saint-Hyacinthe dans un article choc intitulé « La belle endormie ». Il y appelle les Maskoutains à se retrousser les manches pour relancer leur économie. Une diversification de la production semble nécessaire, d’où la création, au début des années 1960, de parcs industriels au nord de la ville, destinés à accueillir de nouvelles entreprises. La stratégie allait se révéler efficace mais demander du temps.
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