La seigneurie de Maska

Vers le milieu du 18e siècle, la Nouvelle-France compte environ 50 000 habitants, établis pour la plupart le long des rives du fleuve Saint-Laurent. Seuls quelques affluents – le Richelieu et la Chaudière – accueillent alors un petit nombre de pionniers. L’embouchure de la Yamaska est à peine défrichée ; le cours intérieur de la rivière demeure toujours vierge de toute présence européenne.

C’est pourtant le cœur de cette région, un vaste domaine boisé d’environ 800 km2, qui se voit concédé, en 1748, en tant que seigneurie de Maska à François-Pierre de Rigaud de Vaudreuil, fils d’un gouverneur de la Nouvelle-France. L’opération s’apparente toutefois plus à de la spéculation foncière qu’à une véritable initiative de colonisation. En effet, Rigaud de Vaudreuil possède déjà plusieurs grandes seigneuries peu peuplées aux confins des régions habitées, soit les seigneuries de Vaudreuil, Rigaud et Saint-Joseph-de-la-Nouvelle-Beauce.

Nommé gouverneur de Trois-Rivières en 1749 et occupé par de nombreuses tâches militaires, le premier seigneur de Maska n’a guère l’occasion de remplir les obligations de développement qui lui incombent. Au bout de quelques années, il préfère vendre son domaine pour la modeste somme de 4000 livres.

Le 25 octobre 1753, Jacques-Hyacinthe Simon dit Delorme, un jeune entrepreneur ambitieux, devient ainsi propriétaire de la seigneurie de Maska, qu’il rebaptise Saint-Hyacinthe en l’honneur de son saint patron. Né en 1720 au sein d’une famille de la petite bourgeoisie de Québec, Jacques-Hyacinthe possède une solide formation d’artisan menuisier, mise au service du roi pour la production de plates-formes et d’affûts pour les canons.

Ses connaissances en ingénierie militaire lui permettent de prévoir que le conflit armé qui s’annonce imminent entre la France et la Grande-Bretagne nécessitera d’importantes ressources. Il envisage ainsi d’approvisionner la Marine royale à l’aide des abondantes ressources forestières de la seigneurie de Saint-Hyacinthe.