La crise

Le 29 octobre 1929, la bourse de New York chute de manière dramatique, entrainant avec elle une crise économique mondiale. La Grande Dépression, qui durera une décennie, touche durement les travailleurs maskoutains. Si les grandes entreprises comme la Penman’s tiennent le coup, il en va autrement des petites manufactures, des commerces et des artisans, qui subissent de plein fouet la crise. Au Québec, le taux de chômage augmente jusqu’à atteindre 27 % en 1933.

La politique d’embellissement municipal du maire T.-D. Bouchard n’est évidemment plus en phase avec l’air du temps, et l’inauguration en 1930 au Bourg-Joli de ce qui est alors la plus grande piscine extérieure du Canada fait scandale. T.-D. Bouchard perd ses élections… mais ses opposants se montrant incapables de gouverner efficacement en son absence, il reprend les rênes de la ville deux ans plus tard.

Le maire adopte alors un programme socio-économique qui sera critiqué pour son autoritarisme, mais dont la fermeté et la détermination lui permettront néanmoins d’être réélu jusqu’en 1944. Refusant d’offrir les « secours directs », une aide financière sans condition prévue par le gouvernement, il impose aux chômeurs, étroitement contrôlés, d’effectuer des travaux publics au service de la municipalité. Ceux-ci participent à la construction d’un stade, aménagent un garage municipal, déneigent les rues à la pelle durant l’hiver ou même cassent des cailloux à la main pour la voirie. Le travail est dur, mais il permet au moins à plusieurs familles de bénéficier d’un strict minimum.

Bouchard pilote également un audacieux et innovateur projet de municipalisation de la production d’électricité, dans lequel on peut certainement voir une préfiguration de la Commission hydroélectrique du Québec, ancêtre d’Hydro-Québec, dont il sera le premier président en 1944.